Fokus Inclusion & Diversité

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Juillet ‘23 Ce dossier est publié par Smart Media Agency et n’engage pas la responsabilité des éditeurs ni de la rédaction de Flair.
Inclusion & Diversité
David Jeanmotte
La
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Interview Retrouvez nos contenus sur Fokus-online.be
diversité, elle est extraordinaire car si on ne
pas, on s’emmerde !
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Les avantages de la neurodiversité sur le lieu de travail

Grâce à des séries documentaires telles que Tabous, diffusée sur National Geographic, la neurodiversité gagne en visibilité. Avant, l’accent était mis sur les problèmes des personnes neurodivergentes. Aujourd’hui, certaines entreprises mettent en avant les talents particuliers de ces personnes trop souvent discriminées au travail.

TDAH, autisme, haut potentiel, dyslexie ou encore hypersensibilité, la neurodiversité est de plus en plus reconnue dans la société. Le livre d’Adrien Devyver, animateur de la RTBF, On m’appelle la tornade sur le TDAH, a rencontré un franc succès. L’épisode de Tabous consacré aux personnes autistes a attiré pas moins d’un million et demi de téléspectateurs. Cela n’a rien d’étonnant. On estime en effet qu’une personne sur cinq est neurodivergente. Ce terme, inventé par la sociologue Judy Singer, qualifie les personnes dont le cerveau traite les informations et les stimuli différemment de la majorité. C’est invisible mais cela impacte le comportement et la façon de penser.

Au cours des dernières années, la sensibilisation à la neurodiversité n’a fait que croître. De plus en plus d’enfants reçoivent un diagnostic, tandis que les parents et les enseignants disposent de plus d’outils pour les aider à répondre à leurs besoins. Pourtant, en entreprise, on part du principe que tous les employés doivent entrer dans le

même moule. « C’est étrange », estime Elise Cordaro, auteure d’un livre relatant sa propre expérience avec l’autisme et le TDAH. « Lorsque l’on achète une plante, on en prend grand soin », dit-elle. « On la place dans un endroit choisi avec soin, on l’arrose en fonction de ses besoins. Avec les gens, c’est différent. Vous avez du mal à vous concentrer ? Tant pis : vous travaillerez dans un bureau ouvert, de préférence sans écouteurs au risque de passer pour un antisocial aux yeux des autres. »

Des ajustements en entreprise

À en juger par leurs offres d’emploi, les entreprises recherchent des hommes et des femmes sociables, perfectionnistes, flexibles et disponibles. Les bureaux ouverts, les séances de brainstorming, les déjeuners entre collègues et les afterworks sont la norme. C’est une bonne chose si vous êtes à l’aise avec ces conditions de travail. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. C’est pourquoi il est important que les offres d’emploi soient aussi inclusives que possible. « Les personnes autistes souffrent de la surstimulation », explique Magali De Reu, entrepreneuse devenue experte sur le sujet de par son expérience personnelle « Elles ont du mal à se réunir en grand groupe et sont plus facilement distraites. » Heureusement, depuis la crise du corona, il y a un peu plus de flexibilité : le télétravail est davantage autorisé et les réunions en ligne se multiplient. Pourtant, ce n’est pas

Contenu • 6 Cessez de penser en termes de cases et pensez en termes d’échanges 10 Comment inclure sans exclure ? 14 Interview • David Jeanmotte 20 Smartlist • Et si on prenait exemple sur Bruxelles ? 24 Comment les jeunes influencent les marques 28 « L’ouverture d’esprit est la chose la plus importante, même après le coming out »

É quipe • Country Manager Christian Nikuna Pemba Creative Director Baïdy Ly Content Director Annick Joossen Texte Valérie Kinzounza • Tuly Salumu •
Van Synghel
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Laetizia Bazzoni Smart Media Agency, Leysstraat 27, 2000 Anvers Fokus-online.be Bonne lecture !
Vanrenterghem Project Manager
Benjamin
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Sarah
#FokusInclusionDiversité 2 Les canaris dans la mine de charbon
Par Tuly Salumu

toujours un atout pour les personnes neurodivergentes. « Travailler à domicile est positif », assure Mme De Reu, qui publiera bientôt son livre All autcasts. « Mais cela crée aussi beaucoup de malentendus. Les personnes autistes ont du mal à interpréter les expressions faciales et le langage corporel. Sur un écran, c’est donc plus difficile. »

Il n’existe pas de règles standard pour les personnes neurodivergentes. Il est donc préférable que les employeurs demandent à leurs employés ce dont ils ont besoin. Il existe néanmoins des aménagements qui peuvent s’appliquer à une majorité de personnes et faciliter le travail et la cohésion du groupe. Un horaire de travail plus court, moins de réunions et une limitation du nombre de personnes participant aux réunions, par exemple.

Cela peut sembler contraignant, mais de tels ajustements font toute la différence. Attention toutefois à ne pas susciter la jalousie chez les collègues. « C’est pourquoi il est important que l’employeur lui-même soit à l’origine de cette initiative et qu’il en informe personnellement ses employés », conseille Mme De Reu, qui organise des formations pour sensibiliser à la neurodiversité.

« Je suis très heureuse que mon employeur réponde à mes besoins », déclare Mme Cordaro, qui travaille comme spécialiste du marketing en ligne. « Je peux travailler avec des écouteurs. Il faut que je sois dans ma bulle, sinon je me déconcentre trop vite. Les bureaux flexibles, ce n’est pas mon truc. Je suis la seule à travailler sur un ordinateur fixe. Et sur mon bureau, il y a une note qui demande amicalement de remettre mes affaires à leur place (rires). Il est important que les réunions soient annoncées à l’avance et qu’elles commencent à l’heure. Je me rends toujours dans la salle de réunion un peu en avance, afin de pouvoir m’asseoir sur ma chaise habituelle. »

Structurer un environnement chaotique

Lorsque leurs besoins spécifiques sont pris en compte, les talents des personnes neurodivergentes s’expriment. « J’ai le souci du détail et je sors très facilement des sentiers battus », affirme Mme Cordaro. « Par conséquent, j’ai des idées différentes de celles de mes collègues. » Elle est également très douée pour l’automatisation. « Je peux prédire le déroulement de certains processus car je mémorise facilement toutes les tâches que nous avons effectuées dans le passé. À partir de là, je crée des tableaux Excel. J’aime les systèmes qui rationalisent le travail, afin de ne pas repartir de zéro à chaque fois. Mon ancien directeur m’a dit que j’étais douée pour structurer un environnement chaotique. »

Les adaptations destinées aux personnes neurodivergentes profitent également à leurs collègues neurotypiques.

« Dans une certaine mesure, tout le monde a besoin de moins de stimuli et de plus de calme », explique Mme Cordaro.

« Mais la plupart des gens ne s’en rendent pas compte. C’est pourquoi les personnes neurodivergentes sont les canaris dans la mine de charbon. Ce qui fonctionne bien pour nous fonctionne aussi pour nos collègues. » 

Les personnes autistes souffrent de la surstimulation. Elles ont du mal à se réunir en grand groupe et sont plus facilement distraites.
Fokus-online.be 3 Les canaris dans la mine de charbon 3
— MAGALI DE REU

Lorsqu’on évoque le secteur de la construction, on pense généralement à un travail physique et éprouvant. Bref, un bastion masculin où l’inclusion est pour le moins exclue. Mais est-ce justifié ? Deux femmes du secteur de la construction, Morgane Dufrasne et Melisa Uzunbacak, qui travaillent toutes deux pour le groupe de construction BESIX, expliquent que les choses peuvent être différentes.

Plus une ville est grande, plus il y a de chantiers. Pour une personne extérieure, ces chantiers sont l’incarnation du secteur de la construction, mais en fait, rien n’est moins vrai. Le secteur de la construction comprend en effet autant d’emplois de bureau que d’emplois physiques. « Je suis entrée dans le secteur de la construction par le biais de mes études d’architecture », explique Melisa Uzunbacak, Technical Office Engineer chez BESIX. « Je ne me sentais pas tout à fait à ma place dans ces études et j’ai décidé de me réorienter vers l’ingénierie industrielle. Le premier jour de mon nouveau cursus, j’ai dû regarder à deux fois pour bien me rendre compte que l’auditoire était composé à 99 % d’hommes. » Morgane Dufrasne, ingénieur méthodes à BESIX, a également vécu une expérience similaire. « Au début, les professeurs regardaient d’un œil très méfiant les effectifs féminins qui se comptaient sur les doigts d’une main. Nous avons dû faire davantage nos preuves, mais nos efforts ont fini par payer. »

L’inclusion sur le lieu de travail

« Les trois premières années chez BESIX, j’ai travaillé sur un projet de grande envergure au Maroc. J’étais alors la seule femme sur place, ce qui représentait un défi supplémentaire. Finalement, la collaboration s’est très bien déroulée. Cette période a été très instructive pour moi. L’opportunité de travailler sur différents sites internationaux chez BESIX rend le travail très varié et stimulant », confie Morgane Dufrasne. Bien entendu, l’inclusion ne se limite pas à une proportion égale d’hommes et de femmes. Elle implique également un mélange de nationalités, de cultures et de langues. Autant de critères sur lesquels BESIX, de par son caractère international, obtient toujours de bons résultats. « Contrairement à ce que j’ai vécu pendant mes études, je pense qu’il est absolument injustifié d’étiqueter le secteur de la construction comme un monde d’hommes aujourd’hui. C’est tout

à l’honneur de mon employeur, qui fait de l’inclusion une priorité. En fait, le bureau d’Anvers compte plus de femmes que d’hommes. L’accent mis sur l’inclusion est précisément ce qui fait de BESIX BESIX », affirme Melisa Uzunbacak.

Malgré les nombreux efforts de l’industrie de la construction, beaucoup de gens ont encore une fausse image du secteur. En l’absence d’informations correctes, les préjugés, injustifiés, peuvent rapidement faire surface. « Les élèves de l’enseignement secondaire doivent être bien informés sur la polyvalence des différents secteurs, dont celui de la construction », affirme Morgane Dufrasne. « Il faut sortir des clichés », ajoute Melisa Uzunbacak. La construction est bien plus qu’un simple travail physique. Au moins la moitié des emplois font davantage appel à la créativité. Nous possédons tous un cerveau. Un cerveau capable d’aborder les problèmes quotidiens de manière créative et, comme le souligne clairement BESIX, cette capacité de réflexion créative peut provenir autant d’une femme que d’un homme. Melisa et Morgane concluent : « Ce qui rend le secteur de la construction et BESIX si fascinant, c’est précisément que nous construisons ensemble la société de demain, et c’est en cela que l’inclusion est l’une des pierres majeures de l’édifice ».

Être une femme dans la construction : « Les emplois dans le secteur de la construction ne se limitent pas au chantier ».
Morgane Dufrasne Methods Engineer Melisa Uzunbacak Technical Office Engineer

Le SPF Justice, un employeur LGBTQIA+ friendly

Le SPF Justice s’implique quotidiennement dans la lutte contre toute forme de discrimination, de haine et de violence.

Ainsi, nous rédigeons la législation qui garantit les droits et libertés des personnes LGBTQIA+. Ses collaborateurs s’engagent dans des politiques qui tiennent compte de ces droits, dans tous les domaines de la justice, notamment avec le plan d’action fédéral “Pour une Belgique LGBTQIA+ friendly”.

Subventions pour des projets LGBTQIA+ En 2022 et 2023, le SPF Justice a lancé des appels à financement ponctuel pour des projets d’associations LGBTQIA+. En 2022, 18 associations ont reçu des subventions pour des projets de sensibilisation, d’éducation et d’information, chacun se concentrant sur une compétence fédérale telle que la police, la justice et les soins de santé. En 2023, un nouvel appel à projets a été lancé pour promouvoir la sécurité des personnes LGBTQIA+ et créer des safes spaces.

Votre identité officiellement reconnue Grâce au SPF Justice, c’est possible de modifier son genre dans les registres de l’état civil. L’année dernière, 569 Belges ont demandé de changer la mention homme/femme sur leur acte de naissance.

Inclusion sur le lieu de travail Au SPF, nous sommes attachés à une culture ouverte et tolérante. Travailler à une organisation qui respecte les LGBTQIA+, c’est travailler à une culture d’inclusion avec des valeurs fortes d’égalité de traitement pour tous, quelle que soit l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.

L’équipe HR Well-Being propose notamment aux collaborateurs des

formations, une brochure expliquant l’acronyme LGBTQIA+, et des conseils sur le lieu de travail. Ces initiatives permettent de démystifier les clichés et de proposer des bonnes pratiques aux collaborateurs.

Inclusion en prisons

Les personnes détenues LGBTQIA+ sont également accompagnées. Il est important d’avoir une attitude positive à leur égard et qu’elles se sentent soutenues. Le contexte de travail spécifique des prisons ne rend pas la tâche facile. La sensibilisation est nécessaire pour rester à l’écoute de tous les groupes minoritaires. Des initiatives en ce sens sont lancées dans plusieurs prisons.

Serge Rooman, directeur de la prison de Merksplas, a réuni le personnel et les riverains sous le drapeau arc-enciel hissé à la prison de Merksplas lors de l’IDAHOT : “Je pense qu’il est extrêmement important que chacun puisse être lui-même, y compris au

travail. Dans notre politique, nous voulons vraiment prendre en compte les besoins de la communauté LGBTQIA+, comme ceux de tout groupe minoritaire. En tant que directeur, il faut devenir soi-même un peu l’ambassadeur du drapeau arc-en-ciel pour en propager les valeurs.”

Par ailleurs, le SPF Justice a créé un dépliant destiné au personnel de soins pénitentiaires. Celui-ci fournit des outils pour soutenir au mieux les personnes transgenres détenues. Un guide d’auto-assistance qui répond aux questions les plus pertinentes sur la vie d’une personne transgenre en prison a également été mis au point pour ces personnes détenues.

L’ensemble de la Team Justice met tout en œuvre pour que les droits de chacun soient protégés et respectés, dans l’administration et au-delà.

www.travailleralajustice.be
Le directeur, le personnel et les riverains à la prison de Merksplas

Cessez de penser en termes de cases et pensez en termes d’échanges

Femme, homme, blanc, noir, pauvre, riche, hétérosexuel, LGBTQIA+. Nous aimons mettre des étiquettes sur les gens, surtout lorsqu’il s’agit d’inégalités. Or, nous avons tous des identités différentes et pouvons donc subir différents types d’oppression. Voici un plaidoyer contre la catégorisation des individus.

Commençons par un petit test. L’un de vos parents a-t-il fait des études supérieures ? Avez-vous au moins un parent né en Belgique ? Êtes-vous un homme ? Êtes-vous hétérosexuel ? Êtes-vous blanc ? Avez-vous suivi une filière de l’enseignement secondaire général? Possédezvous un diplôme universitaire ?

Vous avez répondu “oui” à toutes ces questions ? Alors, vous êtes un citoyen exceptionnellement privilégié. La théorie des sept points de comparaison (Zeven Vinkjes en néerlandais) et le livre du même nom ont été proposés par le journaliste et anthropologue néerlandais Joris Luyendijk. Selon lui, les hommes hétérosexuels blancs, très instruits, parlant la langue officielle du pays et dont les parents sont également très instruits, ont une longueur d’avance sur le reste de la société. Si cette théorie a suscité de vives protestations aux Pays-Bas, elle a pourtant ouvert les yeux de beaucoup sur la position privilégiée d’une minorité.

Pour ma part, je ne coche que quatre cases. Mon sexe, la couleur de ma peau et le niveau d’éducation de mes parents ne correspondent pas aux critères. Mon frère, quant à lui, en coche cinq. Nous avons tous deux des expériences complètement différentes avec l’exclusion et la discrimination. Mon frère affirme ne pas avoir trop souffert de ces problèmes, alors que je ne compte plus les incidents racistes dont j’ai été victime. Est-ce lié à nos personnalités, ou est-ce dû à d’autres facteurs ?

La croisée des chemins

Le concept de Luyendijk renvoie à une théorie plus complexe : l’intersectionnalisme, également connu sous le nom de “crossroads thinking” (voir encadré). Kimberlé Crenshaw, professeure américaine et militante des droits civiques, fondatrice de cette théorie, affirme que nos motifs de discrimination s’influencent mutuellement. Ainsi, si les femmes blanches sont victimes de sexisme et les hommes noirs de racisme, les femmes noires subissent les deux formes de discrimination. Cette façon de penser nécessite des solutions plus complexes qu’une vision simpliste de la réalité à laquelle nous sommes habitués.

« Notre identité s’exprime à plusieurs niveaux », explique Hind Eljadid, écrivaine et artiste des mots. « Moi, par exemple, en tant que femme, marocaine, jeune mère et membre de la communauté LGBTQIA+, j’appartiens à différents groupes minoritaires. Cela a un impact sur les formes de discrimination que je subis. » Imaginez : Eljadid se trouve à un carrefour vers lequel convergent plusieurs véhicules, chacun représentant une forme d’oppression : une voiture raciste, un camion sexiste, un bus homophobe.

« Les gens ont besoin d’être catalogués », déclare l’actrice et activiste Nyira Hens. « J’ai du mal avec ça. En tant que femme noire lesbienne, je n’entre dans aucune case. Tout tourne autour du système binaire, de la distinction entre homme et femme. Selon cette norme, nous apprenons à nos enfants comment s’exprimer émotionnellement, quels vêtements porter, avec qui nouer des relations. La diversité sexuelle a toujours existé.

6 #FokusInclusionDiversité Une
Par Tuly Salumu
personne peut être victime de différentes formes de discrimination

D’un autre côté, aujourd’hui, on ne peut pas (encore) revendiquer son identité sans être catalogué. Notre langage n’est pas encore assez diversifié. C’est pourquoi il est très important de se rendre compte qu’il est possible de rentrer dans plusieurs cases. »

Un langage non sexiste

Selon Hens, la façon dont les médias catégorisent les gens est dangereuse. « Les gens sont toujours étiquetés en fonction de leur profession ou de leurs revenus », expliquet-elle. « Je trouve cela dangereux car ces étiquettes restent. Si vous répétez sans arrêt que je suis une réalisatrice ou une actrice, je serai réduite à cela aux yeux des gens. Pourtant, il s’agit simplement de ce que je fais. Demain, je ferai peut-être autre chose. Présentez-moi simplement par mon nom qui représente tout ce que je suis. »

« Nous ne sommes pas encore dans l’utopie dans laquelle nous rêvons d’être », dit Eljadid. « Avant, il y avait un petit nombre de cases dans lesquelles tout le monde devait rentrer. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de nouvelles dénominations même si nous sommes encore dans une phase intermédiaire. Nous avons encore besoin de ces cases pour nous comprendre. Heureusement, le langage change constamment. Peut-être que nous évoluerons vers une langue non sexiste comme le turc. »

Tout le monde n’a pas encore pris le train de l’intersectionnalité. Preuve en est du mouvement de protestation véhémente contre les injustices sociales et les inégalités raciales appelé “woke”.

« Tout le monde n’est pas conscient de ses privilèges », déclare Eljadid. « Dans notre bulle privilégiée, nous avons le temps et l’espace pour discuter de ces choses. Ce n’est pas le cas de tous. En parlant de tout ça, nous espérons entraîner ces personnes vers cette voie. » 

Qu’est-ce que l’intersectionnalisme ?

L’intersectionnalisme est un terme qui désigne les différents types d’oppression qui peuvent affecter une personne. Ce terme a été inventé par Kimberlé Crenshaw en 1989. Plus précisément, il explique que la position sociale des femmes et des hommes est déterminée non seulement par leur sexe, mais aussi par leur origine, leur classe sociale, leur âge, leur niveau d’éducation, leur orientation sexuelle, etc. Le degré d’exclusion qu’ils subissent est supérieur à la somme de ces différentes identités partielles. Il s’agit d’un processus fluide et dynamique. “Intersection” signifie carrefour. On peut se trouver à un carrefour où convergent différents désavantages ou privilèges sociaux. Ces dernières années, le terme a gagné en popularité. En 2020, par exemple, la Commission européenne a utilisé l’intersectionnalité dans sa nouvelle stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Peut-être évoluerons-nous vers une langue non sexiste comme le turc.
Fokus-online.be 7 Une personne peut être victime de différentes formes de discrimination
#FokusInclusionDiversité

« Selon les monitorings (socioéconomiques focalisés sur le critère de l'origine migratoire) de view.brussels et d’Unia, à niveau de diplômes équivalents, le taux de chômage des personnes d’ascendance africaine (y compris les deuxième et troisième générations) est 3 à 4 fois plus élevé que celui des ‘’belgo-belge’’ à Bruxelles », rapportent Grégory Luaba Déome et Maryse Sam, les cofondateurs de Keep Dreaming. L’objectif de cette asbl née en 2020 : promouvoir l’égalité des chances et la diversité, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’accès à l’emploi et du développement de carrière.

Un ascenseur social bloqué « J’ai galéré pour trouver du boulot après mes études à l’ICHEC, il y a près de 20 ans. Et quand, finalement, j'ai accédé à un poste à responsabilités, je me retrouvais souvent à être le seul participant de couleur lors des réunions ou événements. C’est comme si, plus on montait dans la pyramide professionnelle, plus le public devenait blanc et masculin ! », constate Grégory Luaba Déome. Lorsque son chemin croise celui de Maryse Sam, il y a plus de 10 ans, les deux travailleurs arrivent au même constat : la carrière de nombreux afro-descendants

entreprise

semble bloquée par un plafond de verre. Malgré leurs diplômes, ils ne parviennent pas à accéder à des fonctions haut placées. » Nous voulions aller plus loin que dénoncer ce problème et mettre en place des solutions concrètes pour faire bouger les lignes. C’est comme ça que le projet de Keep Dreaming a germé petit à petit », explique Maryse Sam.

Continuer à croire en ses rêves

« Quand une personne commence des études, elle est portée par un rêve de carrière . Et malheureusement, la couleur de peau représente un obstacle à l’accès à l’emploi et à l’ascension professionnelle. Conséquence : à force d’être confrontés à des échecs, les afro-descendants finissent par se contenter d’un poste qui n’est pas à la hauteur de leur formation et de leurs compétences », explique Maryse Sam.

« L’expression “Keep Dreaming!” est un cri du cœur, comme un encouragement à ne jamais baisser les bras et à atteindre leurs ambitions malgré le chemin parfois sinueux », ajoute Gregory Luaba Déome.

Seules les compétences comptent

Le moto de Keep Dreaming : “Diversifier les entreprises, cultiver les talents et connecter les compétences”. Concrètement, l’association met

en relation les entreprises désirant intégrer plus de diversité parmi leurs employés en recrutant des candidats diplômés d’origine étrangère, avec une attention première sur l'ascendance africaine. Avec le soutien de la Région Bruxelles-Capitale et de ESF Vlaanderen, elle organise des workshops et des jobs days pour ce public cible, ainsi que des séances de coaching afin de redonner confiance en elles aux personnes discriminées. « Dans cette démarche, tout le monde est gagnant, car les entreprises peuvent compter sur des travailleurs qualifiés pouvant explorer leur plein potentiel », conclut Maryse Sam.

Plus d’infos sur www.keep-dreaming.org

Grégory Luaba Déome Co-fondateur Maryse Sam Co-fondatrice
Keep Dreaming, l’asbl qui promeut l’équité, l’inclusion et la diversité en

Comment inclure sans exclure ?

C’est un vrai débat et un réel casse-tête : comment écrire afin que personne ne se sente exclu ? C’est l’objectif de l’écriture inclusive : permettre à tout le monde de se reconnaître et de se sentir concerné. Pourtant, le français a du mal à trouver la solution qui met tout le monde d’accord. Rédiger sans discrimination, ce n’est en effet pas si simple.

La langue influence fortement notre manière de voir le monde, de penser et d’agir. Voilà ce que pointent les partisans et partisanes de l’écriture inclusive. Selon eux, cette vision se construit à travers un prisme prioritairement masculin et cela aurait des conséquences importantes, finissant par invisibiliser les autres genres par rapport à l’idée que l’on se fait de la société. D’où l’idée d’une écriture inclusive pour établir des relations plus équitables entre les genres.

Comment traduire cela dans toute notre communication ?

Le français, avec ses déterminants et ses adjectifs qualificatifs qui s’accordent en genre et en nombre, ne facilite pas la tâche de l’écriture inclusive. Ce phénomène s’accroît quand il s’agit de tenir compte de particularités qui peuvent être discriminantes. C’est ce qu’ explique Alicia Novis, experte en Genres et Communication,

chargée de mission auprès de l’ONG Le Monde selon les femmes : « Quand on travaille les questions d’égalité, on travaille d’abord les savoirs-être et ça se traduit en savoirfaire et en comment communiquer. C’est essentiel car on ne peut pas figer les usages et les pratiques. »

Inclure tous les publics

La question de l’écriture et de la communication inclusive en français va bien au-delà du fonctionnement des genres grammaticaux et de la visibilité des femmes dans la langue. Elle concerne aussi la lisibilité et l’accessibilité des textes pour tous les publics : personnes LGBTQIA+, personnes handicapées, origines ethniques différentes… bref toute la diversité visible et invisible. Et c’est là que le casse-tête commence. En effet, la langue étant le reflet de la société, elle véhicule de nombreux clichés et peut donc être sexiste, discriminante… souvent sans qu’on le veuille d’ailleurs.

Pour Alicia Novis, c’est donc un mythe de penser qu’on va arrêter les stéréotypes : « L’esprit humain est construit avec des stéréotypes, c’est ce qui permet de catégoriser le monde. Un stéréotype n’est pas mauvais en soi, il faut juste qu’il ne bascule pas vers le préjugé puis vers la discrimination. Pour couper ce basculement, la place de l’éducation est primordiale ».

#FokusInclusionDiversité 10 L’écriture inclusive
Par Valérie Kinzounza

Est-ce là le seul enjeu de la communication inclusive ? Anne Dister, linguiste, Professeure à l’Université Saint-Louis et coauteure du livre “ Inclure sans exclure ” nuance : « L’écriture inclusive se base sur le présupposé selon lequel le masculin invisibilise toujours, dans tous ses contextes d’emploi. C’est faux. Quand on parle des étudiants ou des enseignants, il faut être d’extrêmement mauvaise foi pour penser qu’en 2023, en Belgique, on ne parle pas aussi des femmes. Par contre, pour les métiers manuels par exemple, dire “ les maçons ” peut occulter le fait qu’il y a aussi des maçonnes. Mais c’est notre connaissance du monde qui oriente d’abord notre interprétation. Si je pense que les sidérurgistes sont des hommes et les manucures des femmes, ce n’est pas parce que ces mots sont au masculin ou au féminin, puisqu’ils ne sont pas genrés. C’est à cause de ma représentation de ces catégories socio-professionnelles. Et là, il y a bien un enjeu, à travers la langue, à représenter la diversité des genres. Mais il y existe aussi un autre enjeu, c’est celui d’un français appropriable, accessible. Un écrit qui ne se complique pas. »

L’écriture inclusive est un processus

Et au final, c’est bien de cela qu’il est question : que toute personne se sente incluse dans les propos. On parle par exemple beaucoup du fameux point médian, qui n’est pas apprécié de tout le monde, car jugé illisible. En réalité, il y a plein de façons de rendre la communication inclusive, pour autant que tout le monde comprenne évidemment, car, toujours selon Anne Dister : « Ce sont les populations les plus faibles qui ont du mal avec l’écrit. C’est un vrai enjeu démocratique d’avoir des textes faciles à lire et compréhensibles. »

Alors comment faire au quotidien ? Par où commencer ? Pour les linguistes, quelques suggestions simples peuvent contribuer à adopter de bonnes pratiques pour une écriture non-genrée. La preuve avec ces pistes facilement applicables. 

4 bons réflexes à adopter

Premier réflexe : réfléchir à qui, quoi, quand, où, pourquoi. Autrement dit, penser à qui s’adresse mon texte et comment inclure le plus de gens possibles (les femmes, les personnes non-genrées, les mal voyantes…). Ensuite, adapter le support sur quel sera diffusé le message ? Comment privilégier la lisibilité et la clarté tout en étant inclusif ? Car alourdir un texte, c’est empêcher certaines personnes de le comprendre. Deuxième réflexe : s’adresser à tout le monde sans universaliser. Écrivez « L’équipe formatrice » plutôt que « Les formateurs ».

Troisième réflexe : recourir au dédoublement, plutôt qu’au masculin universel. Écrivez donc « Le formateur ou la formatrice doit… » au lieu de « Le formateur doit ». Quatrième réflexe : utiliser des formules englobantes avec des termes épicènes quand c’est possible. Un mot épicène désigne un être animé non genré, qui peut être employé au masculin et au féminin. Par exemple : membre, personne, adulte, artiste, responsable…

Comme on le voit, il n’y a pas une mais plein de manières de pratiquer la communication inclusive.

Être avant tout dans une posture de communication conscience, c’est ça qui fait avancer les choses.
Fokus-online.be 11 L’écriture inclusive

Le congé-éducation payé se modernise

Depuis 1985, le congé-éducation payé permet aux travailleurs, du secteur privé principalement, de se former en journée ou en horaire décalé, tout en conservant leur salaire. Ce système, régionalisé en 2015, devrait être réformé à partir de l’année académique 2023-2024 en Région de Bruxelles-Capitale. L’objectif : le moderniser et l’ouvrir à un maximum de bénéficiaires.

Le congé-éducation payé, qu’est-ce que c’est ?

Le congé-éducation payé garantit au travailleur le droit de se former tout au long de sa carrière, que ce soit pour développer son savoirfaire sur le marché de l’emploi, apprendre une langue, se réorienter professionnellement ou encore favoriser son épanouissement personnel. La formation choisie ne doit pas forcément

temps

partiel : toutes les personnes effectuant un quart-temps ou plus pourront en bénéficier facilement.

être en lien avec le job exercé. Les absences du salarié (pour assister aux cours ou étudier) sont compensées auprès de son employeur par Bruxelles Economie et Emploi, sur base de certains critères. Résultat : au niveau de sa rémunération, ça ne change rien !

Un droit ouvert à tous “De nombreuses règles touchant au congé-éducation payé dataient toujours de 1985. Il était temps de dépoussiérer le système pour qu’il soit plus en phase avec notre société actuelle !”, souligne Thomas Mahieu,

L’accès au congééducation payé sera élargi aux travailleurs à

le coordinateur de la cellule congééducation payé au sein du Service public régional de Bruxelles. Dès la rentrée prochaine, les mesures vont s’assouplir afin d’encourager un maximum de citoyens à se lancer dans une nouvelle formation. L’accès au congé-éducation payé sera élargi aux travailleurs à temps partiel : toutes les personnes effectuant un quart-temps ou plus pourront en bénéficier facilement, ce qui implique aussi un meilleur accès au dispositif pour les travailleuses. De plus, la formation pourra se dérouler sur le lieu de travail, en ligne ou de manière hybride. “Nous visons plus d’inclusivité, en pensant notamment aux personnes en situation de handicap ou encore aux parents solos qui doivent déjà jongler entre de multiples obligations et qui n’ont pas toujours l’occasion de suivre une formation en présentiel”, détaille Thomas Mahieu.

Une offre étoffée

Aujourd’hui, certaines formations sont reconnues automatiquement comme donnant droit à un congé-éducation payé : le réseau d’enseignement de promotion sociale, les bacheliers et masters en

horaire décalé, … Les autres doivent passer par la Commission d’agrément qui analyse chaque programme avant de donner sa décision. Bonne nouvelle : dès le mois de septembre, la liste des organismes reconnus d’office devrait s’agrandir afin de réduire les démarches administratives et alléger le boulot des formateurs. De plus, tous les travailleurs pourront bénéficier d’une majoration d’heures de formation couvertes dans le cadre du congé-éducation payé. “Par exemple, un salarié temps plein qui pouvait obtenir 80 heures pour son

!

cours de langue en recevra 130 heures, dans certains cas, dès l’application de la réforme”, précise Thomas Mahieu. Les personnes désirant suivre une formation liée à un métier en pénurie pourront également toujours profiter de 180 heures offertes. Le nombre de bénéficiaires du congé-éducation payé varient actuellement entre 6 500 et 10 000 travailleurs par an. Grâce aux changements apportés via la réforme, le gouvernement bruxellois espère augmenter drastiquement le taux de participation à la formation continue.

Les personnes désirant suivre une formation liée à un métier en pénurie pourront également toujours profiter de 180 heures offertes.

De nombreuses règles touchant au congé-éducation payé dataient toujours de 1985. Il était temps de dépoussiérer le système pour qu’il soit plus en phase avec notre société actuelle
Thomas Mahieu Coordinateur de la cellule congééducation payé au sein du Service public régional de Bruxelles

David Jeanmotte

« C’est toujours l’amour qui parle »

Par Valérie Kinzounza Photos • Laetizia Bazzoni
#FokusInclusionDiversité 14 Interview

On le connaît pour l’image excentrique et joviale qu’il véhicule à la télé, notamment dans Le Grand Cactus. Personnalité populaire, le chroniqueur et relookeur David Jeanmotte est surtout et avant tout un homme de cœur et un altruiste.

Rencontrer David Jeanmotte, c’est rencontrer un soleil. Un être humain doté d’une bienveillance, d’une générosité et d’une bonne humeur à toute épreuve. Lui qui a déjà vécu mille vies sème des paillettes dans celle des autres. Conversation en toute transparence avec quelqu’un de bien… et qui fait du bien.

Comment te décrirais-tu à quelqu’un qui ne te connaît pas ?

« Je suis un mix entre Cristina Cordula, l’Abbé Pierre et Coluche ! Cristina Cordula, pour le côté mode et relooking, l’Abbé Pierre pour la générosité et le fait de faire du bien autour de moi. Et Coluche, pour son côté trublion, amuseur public mais qui a aussi la faculté de mettre des choses en action. »

Comment te considères-tu, toi ?

« À la base, je suis mi-garçon mi-fille à l’intérieur de moi. C’est pour ça que le relooking est un travail extraordinaire pour moi. Il me permet d’avoir la même discussion avec les personnes qui pensent féminin, qu’elles soient filles ou garçons, peu importe. L’autre avantage c’est que étant migarçon, je peux aussi communiquer avec les grands mâles alpha et ça se passe super bien. Depuis que je suis jeune, j’ai toujours été dans cette différence-là. »

Comment cela ?

« Je suis toujours resté avec des filles, surtout des amies Algériennes d’une même famille jusqu’à l’âge de 18 ans. On était toujours ensemble. À l’âge de 13 ans, à la puberté, leur papa ne voulait plus que je les rencontre : il avait peur que je sois attiré par elles, hormonalement parlant. C’est à partir de là que j’ai laissé pousser mes cheveux, que j’ai commencé à me maquiller : je voulais être intégré dans cette famille et ne pas quitter mes amies. Ça a été le déclic. J’ai vraiment eu besoin de côtoyer mes amies sinon je savais que j’allais me sentir exclu pendant que les autres, entre garçons, jouaient au foot. Moi c’était un domaine qui ne me convenait pas du tout : je n’y avais aucun repère. »

Tu dis que ça a été le déclic. Que s’est-il passé ensuite ?

« À l’âge de 15 ans, j’ai rencontré Cathy, avec qui je suis resté 23 ans. On a passé des moments délicieux ensemble. Quand on s’est mis ensemble, elle a vu que j’étais différent et c’est pour ça qu’elle m’a aimé, et qu’on s’aime encore, que je l’aime encore. Elle m’a toujours dit : “ Ce que je ne pourrai pas te donner, tu iras le chercher ailleurs ”. Je n’ai jamais été le

chercher ailleurs parce que j’avais trouvé mon équilibre avec elle, même si je ne correspondais pas aux normes. »

Ça t’a valu des remarques ?

« Oui, et des injures de non-identité par rapport à la gent masculine. J’avais les cheveux longs jusque dans le dos, je me maquillais, je ne rentrais pas dans une case. Je n’ai d’ailleurs jamais été dans une case. En fait, on peut me mettre dans plusieurs cases en sachant que mon identité a toujours été pareille. J’ai toujours été attiré par l’homme et par la femme. Je ne me suis jamais senti ni plus homme ni plus femme. Je suis avec Guillaume mon compagnon depuis 10 ans et avant cela, je suis resté avec Cathy durant 23 ans. C’est pas être hétéro, c’est pas être bi, c’est juste l’amour qui parle. Il n’y a pas de limitation dans l’amour. En amour, pour moi, tout est pareil. La différence, je ne la connais pas. Moi, je n’ai aucun besoin de connaître le statut ou le pedigree de la personne. Ce qui m’intéresse, c’est la couleur de l’âme. »

Tu vois toujours la personne et rien d’autre ?

« Oui. Pour moi, chaque personne est unique, qu’elle soit jeune, âgée, quel que soit son type de peau… Moi j’ai des cheveux bruns et je les ai toujours décolorés en blond, j’ai une peau très blanche donc je me suis toujours maquillé. C’est en fonction de ce dont on a envie. À partir du moment où on est bien avec soi-même, où on se connaît bien, toutes les portes sont ouvertes car on dégage de bonnes ondes. Quand il n’y a pas de faux-semblants, que l’ on est vrai et que l’on exprime ce que l’on est, je peux vous assurer que la vie sera toujours belle. C’est le cas de la mienne. »

On te voit toujours avec des looks extravagants. D’où vient cette envie ?

Fokus-online.be 15 Interview
J’essaie toujours de valoriser chacun, chacune, dans son identité. Parce que chaque personne peut apporter quelque chose à l’autre avec son identité.

« Tu sais, quand j’arrive au Grand Cactus avec une fois des lentilles, une fois des lunettes, des cheveux longs ou un chignon, des extensions, des bas résille ou des talons rouges vernis et qu’on me dit : “ David, tu sais qu’on a déjà reçu des messages de gens qui critiquent… Tu vas encore t’habiller comme ça ? ” Je réponds : “ Oui, je vais encore le faire parce qu’il faut que les gens comprennent qu’on fait ce qu’on veut et que notre vie nous appartient ”. »

Tu essaies de faire passer des messages ?

« Ce n’est pas que j’essaie de faire passer des messages, c’est que quand je suis là, je fais en sorte que des choses que je ne fais pas au quotidien deviennent une habitude. Comme MTV, qui, à l’époque, en choisissant de diffuser des clips et des éléments de la culture rap, a permis d’atténuer un peu le racisme ambiant. En fait, c’est souvent grâce à une tendance qu’elles vont imprimer ou au côté fun qu’elles dégagent que les personnes qui s’expriment peuvent faire évoluer les choses. »

On le sait moins, mais tu es très actif dans le secteur social. Ça vient d’où ?

« Ma philosophie de vie, je l’ai depuis mon plus jeune âge mais elle a évolué. On me disait : “ David, tu es différent.” On te le dit mais toi, tu ne sais pas pourquoi. Parce que toi tu es toi… Je me ramassais des claques. Ça me touchait parce que je me demandais pourquoi je recevais une claque alors que je ne faisais de mal à personne ?

Ma réaction, ça a été de me dire que j’allais commencer à faire des choses positives pour tout le monde. C’est ma mission de vie. »

Ça veut dire que tu essaies d’être utile ?

« Je n’essaie pas, je suis utile. En fait, je me suis rendu compte que quand on est populaire et qu’on connaît des gens aisés, on peut aider les autres. Parce que souvent, la pauvreté reste avec la pauvreté, l’argent reste avec l’argent. Alors moi, je sers d’intermédiaire, de passerelle entre les deux. Ma grande cause, c’est les Restos du cœur. C’est aider les gens tous les jours. »

Concrètement, que fais-tu ?

« Tout ce que je fais dans ma vie, tout l’argent que je récolte, sert pour les autres. On a ouvert une boutique de dons, dans laquelle de nombreux vêtements sont disponibles pour ceux et celles qui en ont besoin. Avec les Restos du cœur, on aide à nourrir et à loger de nombreuses personnes. Quand quelqu’un vient me parler et qu’il a un problème, j’essaie toujours de l’aider. Ce que je fais aussi avec mes amis et les personnalités que je connais, c’est organiser des repas pour des migrants ou d’autres personnes dans le besoin. Grâce à tout ça, on montre que c’est possible. Imagine une personne qui s’occupe naturellement, sans effort, de 5 personnes durant sa vie. Fais le calcul et vois ce qui va se passer. Imagine comment tu peux changer les choses! À nous deux, Guillaume et moi, on s’occupe de 800 personnes. »

#FokusInclusionDiversité 16 Interview
Je n’ai aucun besoin de connaître le pedigree de la personne. Ce qui m’intéresse, c’est la couleur de l’âme.

Sans compter toutes tes activités…

« Je donne des cours dans l’industrie textile (de relooking et conseil en image) et je donne aussi des formations à des demandeurs d’emploi en réorientation professionnelle. Il y a aussi des ateliers relooking pour des femmes en prison… J’essaie toujours de valoriser chacun, chacune, dans son identité. Parce que chaque personne peut apporter quelque chose à l’autre grâce à son identité. »

C’est quoi ta force ?

« Je suis un caméléon. Que ce soit avec de hautes autorités ou avec des SDF de la gare centrale , c’est pareil, je suis à l’aise de la même façon et n’ai aucun problème à être avec une personne qui est différente de moi. Par contre, certaines personnes peuvent être mal à l’aise lorsqu’elles me rencontrent… »

Tu n’es jamais fâché ou choqué ?

« Jamais. Je suis en colère par rapport à la violence mais je sais qu’elle est là, qu’elle existera toujours. Alors je me concentre sur ce que moi, je peux faire. »

Comment s’est construit ton rapport aux autres ?

« Ça remonte à ma jeunesse. Je suis beaucoup allé dans des clubs naturistes avec mes parents . Donc le corps, je l’ai vu dans tous ses états, petit, beau, atrophié, très vieux, malade… L’œil que je porte sur quelqu’un est toujours positif parce que mon œil est habitué à tout voir et que je n’ai jamais eu un regard ni excité ni envieux. Je vois vraiment l’être humain tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Y a pas de costume, pas de carte de visite et ça change tout. »

Tu portes un t-shirt avec la phrase « Masculinity is a prison ». Pourquoi ?

« C’est un message fort. Parce qu’au-dessus de du mot masculinité, tu peux mettre ce que tu veux. Il y a toujours ce côté emprisonné. C’est un t-shirt de propagande pour dénoncer l’enfermement de l’homme qui veut être homme avec ses poils, sa barbe, qui ne doit pas mettre du rose, pas être féminin, sinon il ne rentre plus dans la case du mâle alpha. »

Que devrait-on faire pour favoriser la diversité ?

« Montrer les choses pour que ce soit normal. Attention, il ne faut pas être dans le voyeurisme, mais dans l’action. Plus on va montrer les choses telles qu’elles sont, plus les gens vont s’habituer et trouver ça normal. La diversité, elle est extraordinaire car si il n’y a pas de diversité, on s’emmerde ! » 

Smart Fact.

Qui admires-tu ?

« Je n’admire personne. Par contre, il y a une phrase qui me guide et qui a changé ma vie. C’est une femme magnifique avec un rayonnement incroyable qui me l’a dite un jour en me racontant une histoire : une femme se présente devant le Dalaï-Lama et elle est très heureuse de le rencontrer. Elle parle, lui explique qu’elle a fait ceci, cela, tout ce qu’elle a réalisé. Quand elle a fini, le Dalaï-Lama lui demande : “ C’est bien, tout ce que tu as fait. Et toi, qu’est-ce que tu as fait pour les autres ? ” Cette phrase résonne dans ma tête… D’ailleurs en te le racontant, je suis tout ému. Parce que ça, c’est mon cheval de bataille. Je me suis toujours dit que le jour où je verrai le Dalaï-Lama, je lui raconterai tout ce que j’ai fait pour les autres. Tout ce qu’on a fait, parce qu’il y a mon compagnon, et plein d’autres gens merveilleux qui m’aident. »

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LA FINANCE : UN SECTEUR FUN ET DIVERS

Le nombre de femmes occupant des postes de direction dans les banques, assurances et autres institutions financières belges a fortement augmenté ces dernières années. Mais la situation peut et doit encore s’améliorer, affirme Claire Godding, qui ouvre la voie chez Febelfin. Avec Wo.Men in Finance, elle souhaite sensibiliser à la diversité et à l’inclusion et promouvoir la mixité à tous les niveaux du secteur financier.

Wo.Men in Finance vise à créer et à mettre en œuvre une culture d’inclusion dans laquelle la progression de l’égalité hommes femmes est considérée comme une priorité dans l’agenda de la Direction. « Le secteur souffre encore trop d’une image masculine et ennuyeuse qui n’est pas justifiée », déclare Laura Lumingu, qui travaille à la KBC depuis 13 ans. « Travailler dans le secteur bancaire était quelque chose que je n’avais jamais envisagé. En tant que jeune étudiante en passe d’obtenir une maîtrise en communication, j’ai été interpellée par le potentiel de la technologie ». Avant même de s’en rendre compte, elle s’est vu proposer un poste digital chez le bancassureur belge. « Un exemple des possibilités qui s’ouvrent pour tous les talents », ajoute Wendy Baeyens, responsable du marketing et de la communication chez l’assureur international Marsh McLennan. Et ce, après plus de 20 ans d’expérience dans la vente au détail de produits de luxe, de gestion de marques et de passion pour les consommateurs. « Je peux tout aussi bien développer cette passion et cette expertise ici. Pourquoi se limiter ? »

La diversité ne se limite pas au sexe ou à l’origine ; un mélange bien

balancé de diplômes, de parcours, d’âges et de personnalités enrichit également le débat et la prise de décision. « Les « role models » féminins sont essentiels, et permettent de gagner en confiance en soi », déclare Leen Vermeersch d’Euroclear, une institution financière dont le siège se trouve en Belgique. « Je suis également experte en communication non-violente (NVC). En outre, j’attache une grande importance au bien-être mental et à l’intelligence positive. J’aime utiliser ma créativité pour promouvoir une vision durable de l’économie et de la finance.” Wendy Baeyens : « Les opportunités de développement dans le secteur financier sont immenses, et cette réalité est encore trop peu connue des jeunes diplômés. C’est pourquoi nous disposons d’un « shadow board », un groupe de travail spécifique composé de jeunes talents qui challengent le comité exécutif et nous tiennent en éveil. »

Avant toute chose, le secteur financier a un rôle social à jouer. « Pouvoir y contribuer est pour moi une motivation essentielle », confie Laura Lumingu. « La banque, c’est bien plus que ce que l’on croit. Le secteur est très diversifié et les possibilités sont infinies. Il est possible de faire la différence en matière de durabilité, d’innovation et de questions sociales. Et c’est un secteur où l’équilibre travail -famille et l’apprentissage sont une réalité. En tant que secteur, nous sommes désormais plus conscients du rôle de la diversité et de l’inclusion dans la qualité de la prise de décision, note Claire Godding. « Plus il y a de diversité, plus il y a de capacité d’innovation. Nous avons besoin de tous les talents pour inventer les solutions de demain ».

La représentation des femmes dans le secteur financier en chiffres :

52,4% dans le secteur (banques, assurances, autres institutions financières)

45,9 % dans le management intermédiaire / 30,4 % dans le senior management / 23,3 % au niveau du comité de direction

52 institutions financières sont déjà membres de Wo.Men in Finance, représentant ensemble plus de 90 % du secteur.

Wo.Men in Finance Belgium (@womeninfinancebelgium)

S.He Goes Digital Executive Master in Digital and IT essentials - ULB

ClaireGodding LeenVermeersc h LauraLuming u WendyBaeyens

Et si on prenait exemple sur Bruxelles ?

La ville a reçu le 2ème prix des capitales européennes de l’inclusion et de la diversité 2023. Deuxième sur 74 candidatures, c’est dire si Bruxelles fait figure d’exemple ! Son secret ? Un plan ambitieux qui porte ses fruits.

Le prix décerné par la Commission européenne récompense les villes qui ont mis en place des actions concrètes pour une société plus juste en promouvant la diversité et l’inclusion en termes de genre, d’origine dite raciale ou ethnique, d’handicap, d’âge, d’identité de genre ou d’orientation sexuelle. Et « Sur 74 candidatures venant de toute l’Union européenne, que Bruxelles reçoive ce prix est une reconnaissance et une visibilité donnée au travail exceptionnel que nous avons fourni depuis 2019 » s’est réjouie Nawal Ben Hamou, secrétaire d’État bruxelloise à l’Égalité des chances.

Ce qui a fait la différence, c’est que Bruxelles a décidé pour la première fois de considérer l’Égalité des chances comme une compétence phare et transversale. Et depuis 2022, 6 plans d’action ciblés sur les publics identifiés comme les plus impactés par les discriminations à Bruxelles ont été mis en place. Une approche inédite, mixée à une vision ambitieuse et à des campagnes de sensibilisation fortes, qui a pour objectif de relever au quotidien le défi que représente la promotion et l’intégration de l’Égalité des chances. Ce travail, mené en collaboration avec de nombreuses institutions et associations de terrain, peut compter aussi sur l’image positive de la ville et la réputation de lieu accueillant dont elle jouit.

Ville

d’identités plurielles

Capitale de l’Union européenne, siège de l’OTAN, ville carrefour et terre d’immigration, Bruxelles est en effet

reconnue depuis longtemps pour son côté très cosmopolite, au carrefour des langues et des cultures. Un lieu où tout le monde est bienvenu et qui valorise la diversité sous toutes ses facettes. La ville a fait de l’ouverture d’esprit et de l’acceptation un véritable art de vivre, tant pour celles et ceux qui y vivent que pour les touristes ou pour les minorités, quelles qu’elles soient. C’est d’ailleurs l’une des premières villes d’Europe où le mariage entre personnes de même sexe a été légalisé.

Au quotidien, bien sûr, tout est loin d’être idyllique. Sur le terrain, les discriminations envers les minorités, quelles qu’elles soient, restent une réalité dans de nombreux domaines comme la recherche d’un logement ou d’un emploi. Mais ce qui a changé depuis quelques années, c’est cette volonté politique de s’engager de façon très concrète pour lutter contre toutes les formes de discrimination, et cela, dans tous les domaines. « On a envie que les choses évoluent, que les mentalités changent », explique Nawal Ben Hamou.

C’est dans ce contexte que le gouvernement bruxellois a adopté son plan de lutte contre le racisme. Un dispositif qui comprend 48 mesures touchant au logement, à l’emploi, l’espace public, la santé et à la sensibilisation. Des mesures nécessaires et qui envoient un signal fort. Mais ce n’est pas tout puisque la ville œuvre sur tous les fronts. Focus sur 4 thèmes sur lesquels Bruxelles se concentre, avec pour objectif d’être pleinement une ville inclusive et diversifiée où tout le monde se sent le bienvenu. 

#FokusInclusionDiversité 20 Smartlist • Capitale de l’inclusion

L’intégration des primo-arrivants

Dès son inscription au registre des étrangers d’une commune bruxelloise, chaque primo-arrivant peut suivre gratuitement un parcours d’accueil dans sa langue, donné par l’un des nombreux accompagnateurs sociaux ou formateurs qui ont parfois eux-mêmes suivi le parcours d’accueil. Différents besoins sont évalués afin de proposer un suivi personnalisé. Logement temporaire, assistance juridique, cours de langue, possibilité d’emploi ou encore formation professionnelle sont autant d’actions mises en place pour favoriser l’accueil de toute nouvelle personne sur le territoire bruxellois.

Les droits des personnes handicapées

La Ville de Bruxelles s’engage depuis des années à donner aux personnes handicapées les moyens d’y vivre et de s’y épanouir. Comment ? À travers le plan Handistreaming et ses 44 mesures pour améliorer leur représentation et leur inclusion. Privilégier l’accessibilité au logement, à l’emploi, à l’éducation, aux événements… mais aussi favoriser « l’aspect pratique pour tous » en intégrant la réalité du handicap en matière d’aménagements, d’équipements, de transports, de lieux publics (musées, toilettes, parc…) pour éviter la perte d’autonomie et l’isolement des personnes handicapées.

Les droits des LGBTQIA+

À travers des associations, festivals, soirées, bars… Bruxelles a pris depuis longtemps le parti de l’ouverture et du respect des droits des personnes LGBTQIA+. Un plan d’action de 35 mesures visant à réduire la discrimination, à favoriser l’inclusion et la sécurité, a été mis en place. Par exemple ? Ouvrir une Maison Arc-en-ciel de la santé et du bien-être, sensibiliser les élèves et le personnel des écoles à la cause, former la police, mettre en avant des supports pédagogiques représentatifs de modèles familiaux différents, d’orientations sexuelles et d’identités de genre diverses…

La diversité culturelle

À Bruxelles, trois habitants sur quatre ont une origine étrangère, selon Statbel. La ville brasse donc un nombre important de nationalités et de cultures différentes qui cohabitent plutôt en bonne harmonie. Le secret ? La place laissée à chaque culture pour s’exprimer. Des manuels officiels fournissent des informations dans différentes langues, de nombreux magasins d’alimentation proposent des produits de leurs pays, des festivals de musique étrangère sont organisés… À Bruxelles, toutes les identités ont la liberté de vivre leur culture au quotidien.

Fokus-online.be 21 Smartlist • Capitale de l’inclusion

L’Internet et la tv deviennent des moteurs de la mobilité

L’Internet et la télévision ne sont plus liés à des câbles. Ils existent également dans des versions à emporter. Nos nouveaux besoins en matière de mobilité sont à l’origine de cette évolution. En même temps, les solutions plug-and-play intelligentes favorisent l’inclusion numérique.

Homo sapiens est devenu un homo digitalis mobilis. En 2023, nous trouvons normal d’avoir accès à l’internet à tout moment et en tout lieu. Dans le train, sur le chemin du bureau, nous traitons nos premiers mails, nous réservons nos places de cinéma ou vérifions notre solde bancaire.

Mais ce monde mobile n’est pas accessible à tous. Un Belge sur 20 n’a pas accès à l’Internet à haut débit. En termes d’égalité des chances numériques, il reste donc du travail à faire. L’évolution rapide de notre mode de vie est également un facteur de risque d’isolement numérique, souligne Kristien Vercruysse, de l’opérateur de télécommunications TADAAM. « Le Covid a considérablement accéléré la numérisation. Notre façon de travailler, de vivre et d’apprendre est devenue extrêmement mobile. Nous voulons aussi avoir le plus grand choix et la plus grande flexibilité possible dans l’organisation de notre temps libre. Ce nouveau contexte exige des adaptations et des compétences particulières de notre part, mais aussi une solution internet et télévisuelle à la hauteur ».

Une connexion classique à l’Internet et à la télévision passe par un réseau de câbles, explique Kristien Vercruysse. « Mais il y a encore en Belgique des zones où il n’y a aucune couverture. Des maisons situées dans des endroits reculés, où le coût de pose des câbles est trop élevé pour les opérateurs, mais

aussi des maisons mobiles telles que les caravanes ou les bateaux-logements. Leurs habitants doivent alors se contenter de satellites sur le toit ou de points d’accès via leur gsm. »

Il y a près de quatre ans, TADAAM a lancé une connexion Internet à large bande qui nécessite uniquement une prise murale. Le responsable Kristof Vanhuffel explique son fonctionnement. « Les utilisateurs reçoivent un modem avec une carte SIM et un boîtier TV. Une fois le modem branché sur la prise murale, il transmet automatiquement le wifi. Il suffit ensuite de brancher le boîtier TV sur une prise et de se connecter au wifi du modem. Le boîtier TV fait également office de télévision intelligente. Elle permet d’installer et d’accéder à toutes les applications courantes des smartphones, mais sur grand écran ».

Le grand avantage est qu’il n’y a plus besoin de techniciens ni de câblage pour l’installation. « Cette solution offre une expérience totalement neuve à l’utilisateur. Vous emportez littéralement votre Internet et votre télévision avec vous. Vous êtes sur un parking au milieu de nulle part ? Même là, vous pouvez surfer, streamer ou regarder Netflix. Le nouvel Internet ne connaît ni frontières ni limites. L’utilisateur numérique consomme où et comme il le souhaite. »

Les fournisseurs se cachent depuis trop longtemps derrière la complexité de leurs technologies et de leurs plateformes, conclut Kristien Vercruysse. « Ce type de service est en partie à l’origine de l’inégalité numérique. Mais la télévision ou l’Internet devraient être accessibles à tous, sans qu’un opérateur n’impose de restrictions. »

TADAAM est une entreprise de Telenet qui propose l’Internet et la télévision sur le réseau mobile. Avec ses partenaires, TADAAM attache une grande importance à l’innovation et à l’accessibilité. Elle est guidée par l’idée que l’Internet et la télévision devraient être possibles sans câbles, sans contrat et sans techniciens.

TADAAM offre une solution plugand-play qui suit les utilisateurs partout en Belgique. Privilégiant ainsi une connexion rapide et simple au monde.

KRISTIEN VERCRUYSSE MARKETING AND COMMUNICATIONS LEAD KRISTOF VANHUFFEL TADAAM LEAD
#FokusInclusionDiversité 22 Brand Report • Telenet
À propos de.

Prenez plaisir à faire du sport grâce au coaching ‘sport & nutrition’ de Yakult.

L’activité physique est essentielle au maintien de la santé intestinale et du bien-être général et ça, c’est vrai pour tout le monde !

Chez Yakult nous en sommes bien conscients, c’est la raison pour laquelle nous étions partenaires des 20km de Bruxelles. Notre équipe a couru pour la Croix-Rouge parce que courir c’est bien, le faire pour une bonne cause, c’est encore mieux !

Une activité physique régulière favorise la diversité du microbiote intestinal. Ce qui est très surprenant par contre, c’est qu’en fonction du type de sports pratiqués, certaines bactéries seront plus présentes que d’autres !

Dès que la charge d’entrainement augmente, il n’est par contre pas rare de souffrir de troubles intestinaux ! Les fans de sports tels que le running, le trail ou le triathlon y sont souvent confrontés. En effet, 30 à 90% des sportifs d’endurance s’en plaignent.

Lorsque vous souffrez de nausées, de ballonnements, de douleurs abdominales ou de crampes pendant le sport, c’est évidemment pernicieux pour vos performances et, surtout, très inconfortable. En apportant à votre intestin la bonne nourriture au bon moment et en “l’entrainant”, vous pouvez éviter les désagréments intestinaux !

Yakult a développé un programme de coaching en ligne pour tous les sportifs. Vous y apprendrez comment bien manger quand on fait du sport et comment éviter les troubles intestinaux quand on fait un sport d’endurance.

Yakult augmente le nombre de bonnes bactéries dans l’intestin.

Tolérance zéro pour les discriminations

Grâce à une nouvelle législation fédérale, la lutte contre la discrimination prend de l’ampleur. D’une part, les sanctions vis-à-vis des auteurs seront renforcées, d’autre part les victimes de discrimination multiple disposeront de mesures de protection plus développées.

Mais qu’entend-on par discrimination multiple ? Il s’agit d’actes de discrimination fondés sur deux critères ou plus étant protégés par la loi. Prenons l’exemple d’un hôtel qui refuse explicitement l’accès à des clientes femmes asiatiques, les stigmatisant automatiquement en tant que travailleuses du sexe. Dans ce cas, les hommes asiatiques sont admis dans l’établissement, de même que les femmes non-asiatiques. Seule une catégorie spécifique de personnes, cumulant (au moins) deux critères (dans ce cas, le genre et l’origine ethnique), est victime de discrimination : il s’agit d’une discrimination multiple (ou intersectionnelle).

En raison de cette modification législative, une victime de discrimination ne sera plus contrainte de choisir selon quel critère agir en justice. Elle sera désormais reconnue comme une victime à part entière, sans devoir prioriser un critère spécifique.

Les montants des dommages et intérêts (en dehors du cadre des relations de travail ou des régimes complémentaires de sécurité sociale) accordés pour ce type d’infraction seront multipliés par trois. Concrètement, les indemnisations qui s’élevaient auparavant à 650 euros passeront à 1950 euros, et celles de 1300 euros atteindront désormais 3900 euros. A partir de 2024, ces montants seront également indexés annuellement.

En ce sens, le gouvernement montre sa volonté de faire évoluer notre société vers plus d’égalité et de justice et d’offrir un nouvel espoir aux victimes. Ensemble, construisons un avenir où chacun et chacune est respecté(e) et valorisé(e).

Contribuez-vous aussi à cet objectif ?

Signalez les situations de discrimination ou les messages de haine auprès des organes suivants :

• UNIA, pour le signalement de toute forme de discrimination ou racisme même lorsque l’on est témoin : www.signalement.unia.be

• IEFH, pour le signalement d’une discrimination liée à une inégalité entre les femmes et les hommes : igvm-iefh.belgium.be/fr/infoset-aide

Comment les jeunes influencent les marques

C’est la génération de tous les paradoxes, dont le comportement aussi fascinant que complexe a obligé les marques à revoir complètement leur stratégie marketing. Mais comment ces jeunes ont-ils révolutionné la façon d’acheter et de consommer ?

Ils et elles sont né(e)s entre 1997 et 2010. Ces jeunes ont toujours connu un monde où l’informatique et internet tiennent une place prépondérante, ont grandi avec Amazon et les réseaux sociaux et voient aussi la société et leurs relations avec les autres par le prisme de plateformes virtuelles. Une vision qui inclut les marques et qui fait bouger les lignes car, « si vous n’êtes pas une marque désirée par la jeunesse, les parents ne vous désirent pas non plus car la jeunesse est reine », explique Eric Briones, co-fondateur de la Paris School of Luxury, directeur de la rédaction du Journal du Luxe, co-auteur de Le choc Z.

Or, en termes de cible marketing, cette génération, qui est déjà dans la consommation très active, ne rentre pas dans les cases habituelles. Eric Briones : « Elle ne supporte pas les stéréotypes légués par les plus anciens, et est, par exemple, complètement allergique à la notion de genre alors que la base du marketing a toujours été de

séparer les hommes et les femmes ». Alors, pourquoi et comment les marques ont-elles dû s’adapter à ces codes ?

L’influence des réseaux sociaux

L’une des clés de compréhension, c’est sans doute les réseaux sociaux, devenus un micro pour amplifier le message de ces jeunes qui se sont construits dans l’hyper visuel. « On a assisté à une période de libération incroyable en 10 ans. Avec les réseaux, on voit tout ce qui se passe partout. C’est une fenêtre sur le monde qui permet de voir les propositions, les besoins et envies des gens », selon Astrid Lefèvre, créatrice du podcast

“ We love belgian brands ” et experte en développement commercial dans la mode. « Plus de gens ont envie de prendre la parole, de s’exprimer. C’est une réelle demande de la société et les marques se sont vite rendu compte du potentiel d’internet et des réseaux sociaux. »

La nouveauté amenée par les réseaux sociaux, c’est ce niveau d’extimité - le fait de se raconter - qui a libéré la parole et les modes d’expression, et permis à tout un chacun de se mettre en avant. Cela a généré aussi l’apparition de personnalités très suivies, comme les influenceurs qui ont apporté de nouvelles idées, des propositions créatives et donné la possibilité à des

#FokusInclusionDiversité 24 Génération Z
Par Valérie Kinzounza

jeunes d’avoir de nouveaux modèles d’identification.

« Tout cela amène une évolution de société car il y a encore 15 -20 ans, le modèle dominant était blanc, élitiste. Les choses ont énormément changé depuis », explique Astrid Lefèvre. Et le phénomène touche tous les domaines et toutes les marques.

Il faut dire que la génération Z a aussi un pouvoir qu’elle utilise sans se priver : « Elle s’indigne en permanence car elle a compris que ça boostait son influence. Alors, grâce à ce pouvoir, elle peut se permettre d’être très exigeante avec les marques. C’est une génération qui vit pleinement l’e-commerce et qui a un niveau d’exigence exceptionnel sur la façon de vendre, de communiquer et de livrer un produit », explique Eric Briones. Résultat : « Les marques ont peur d’elle, de son pouvoir de boycott et de censure. »

L’attrait des marques engagées

Aujourd’hui, les marques sont aussi devenues politiques. À travers leurs messages, leurs mannequins (en mode, avec des tops plus size comme Ashley Graham, ou atteinte de vitiligo, comme Winnie Harlow, des tops transgenres…) ou leurs produits : des cosmétiques inclusifs, des vêtements non genrés, des jeux représentant des personnes de couleur ou des personnes avec un handicap… Que ce soit sur la durabilité, l’éthique ou la diversité, toutes les marques considérées comme désirables par les jeunes sont des marques engagées. Et si ce critère se double d’un marketing et d’une image bien ficelés, c’est banco.

Même l’industrie du luxe l’a bien compris en développant des partenariats avec des personnalités qui sortent du cadre. « Quelqu’un comme Virgil Abloh

chez Louis Vuitton a été déterminant par tout ce qu’il a apporté à la mode en termes d’ouverture, de diversité, d’influences puissantes, de créativité », relève Astrid Lefèvre. En politique, un Barack Obama a montré au monde que « c’était possible ». Quel message puissant ! On a besoin de représentations, de modèles qui font évoluer les schémas établis ».

Besoin d’authenticité

Il faut dire que dans un contexte environnemental, économique et géopolitique incertain, le curseur des valeurs s’est déplacé. Aujourd’hui, les générations actuelles réfléchissent à leur bien-être avant tout, à « ce qui est mieux pour moi et qui fait sens ». Et cette question du sens, on l’adresse aussi aux marques que l’on consomme. Du côté des marques, il faut donc accepter le fait que l’autopromotion ne suffit plus, même si « Être engagé sur un ou plusieurs aspects, c’est un vrai choix. Ce n’est pas parce que le marché est là que tout le monde a envie d’y aller», explique Astrid Lefèvre.

L’authenticité est donc un critère-clé, qui permet à beaucoup de se reconnaître et de se projeter dans les valeurs d’une marque… tout en n’ayant pas forcément peur de la contradiction. On le voit bien dans la mode où, même si elle revendique l’aspect écologique, une majorité de la Génération Z consomme encore de la fast fashion. Cela illustre le paradoxe de ces jeunes qui exigent des marques ce qu’ils n’arrivent pas toujours à faire eux-mêmes. La bonne nouvelle finalement, c’est que les marques les écoutent. Et c’est positif car cela fait évoluer ces dernières vers plus d’ouverture et de transparence. 

Fokus-online.be 25 Génération Z
Les chocs sont multiples car cette génération a un côté difficilement lisible et est remplie de paradoxes.
— ERIC BRIONES
CO-FONDATEUR DE LA PARIS SCHOOL OF LUXURY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DU JOURNAL DU LUXE, CO-AUTEUR DE “LE CHOC Z”

Garder les yeux ouverts sur la violence

L’an passé, plus de 9 000 citoyens ont appelé la ligne d’assistance téléphonique 1712 pour signaler des cas de violence, d’abus ou de maltraitance d’enfants. Pourtant, les obstacles au signalement des abus peuvent encore être réduits. Tant pour les personnes touchées par la violence que pour celles qui en sont témoins.

La ligne d’assistance 1712 a été mise en place pour les citoyens ayant des soupçons quant à la violence sous toutes ses formes : de la violence physique à la violence psychologique ou financière. L’an passé, six pour cent d’appels supplémentaires ont été enregistrés par rapport à l’année précédente. Les trois quarts d’entre eux concernaient des violences intra familiales. Près d’un quart concernait des violences sexuelles. Et plus de la moitié des appels concernaient la maltraitance d’enfants.

« En soi, c’est une bonne chose que les citoyens semblent de plus en plus enclins à signaler les cas ou les soupçons de violence dans leur entourage », déclare le coordinateur flamand du 1712, Wim Van de Voorde. « La pratique et la recherche nous ont appris que les victimes, en particulier les mineurs, ne font généralement pas la démarche d’aller consulter un psychologue ou de se rendre à la police. C’est pourquoi il est si important de rester attentifs aux signes. Car la prévalence de la violence est

extrêmement élevée. Chaque année, un Européen sur quatre est victime d’un acte criminel. Les chiffres belges sur la violence domestique indiquent qu’environ un homme sur dix et une femme sur sept ont été confrontés à la violence d’un (ex) partenaire au cours de l’année précédente. La violence, ce n’est pas les autres. C’est vous et moi ».

Pourtant, nous avons parfois tendance à considérer la violence comme une affaire privée. C’est cette attitude que cherche à combattre la campagne de l’Union européenne «Je garde les yeux ouverts’’. « La violence est un problème social pour lequel nous avons tous une responsabilité individuelle », explique M. Van de Voorde. « Dans cette campagne, nous voulons briser ensemble le tabou de la violence. En outre, nous faisons passer le message qu’il est possible d’obtenir de l’aide : vous pouvez contacter un service d’assistance téléphonique professionnel pour lui faire part de votre témoignage, gratuitement et de manière anonyme. En plus d’une oreille attentive, nous offrons des informations et des conseils : que se passet-il si vous portez plainte, quels sont vos droits, à quels services spécialisés pouvez-vous vous adresser ? »

Pour ceux qui ont des questions ou des inquiétudes, M. Van de Voorde a un bon conseil à donner : agissez. « Ne laissez pas tomber votre ami, votre parent ou votre camarade de classe. Faites part de vos doutes avec eux au lieu de faire comme si de rien n’était ».

Ligne d’assistance 1712 et Je garde les yeux ouverts

La ligne d’assistance 1712 est une ligne d’assistance professionnelle destinée à toute personne ayant des doutes en matière de violence, d’abus ou de maltraitance des enfants. Ce service est gratuit et anonyme. Vous pouvez la joindre par téléphone, par courrier électronique ou par chat. Le 1712 est le fruit d’une collaboration entre les Centres for General Welfare et les Child Abuse Trust Centres. Ces partenaires soutiennent également la campagne «Je garde les yeux ouverts» de la Commission européenne, qui attire l’attention sur les droits des victimes.

Plus d’informations et horaires d’ouverture sur 1712.be

Foto: © Sigrid Spinnox

WIM VAN DE VOORDE COORDINATEUR FLAMAND 1712
#FokusInclusionDiversité 26 Brand Report • Commission européenne

TOURNAI UNE CLINIQUE DE L’ENDOMÉTRIOSE CRÉÉE AU CHwapi

Pour structurer et optimiser la prise en charge des patientes atteintes d’endométriose, le CHwapi vient d’ouvrir une clinique qui leur est spécifiquement dédiée. Le Centre Hospitalier de Wallonie picarde ambitionne de devenir un centre de référence dans le traitement de cette maladie caractérisée par la formation de tissu endométrial en dehors de l’utérus.

L’endométriose, maladie gynécologique bénigne mais souvent extrêmement invalidante, touche en moyenne une femme sur dix. Pour permettre à ces patientes de bénéficier d’une prise en charge thérapeutique structurée, globale, pluridisciplinaire et centralisée, le Dr Hut, directrice médicale et le Dr Wayembergh, chef du service gynécologie/obstétrique ont initié la création d’une clinique de l’endométriose. Celle-ci est opérationnelle depuis ce mois de juin. « Cela ne se résume pas à placer une étiquette sur la porte », prévient la gynécologue Céline Petit, l’un des praticiens de référence de la future structure.

« Créer une clinique de l’endométriose implique, d’abord, de mettre en place des consultations ciblées et plus longues vu la complexité de la prise en charge. Ensuite, les patientes ont accès à la clinique de la douleur en étant référées », poursuit le médecin. Un radiologue spécialisé dans les IRM pelviennes - examen complémentaire permettant de détecter la maladie - est affecté à la clinique de l’endométriose dans des plages horaires réservées. Un « plus » pour les patientes qui bénéficient également d’un accès à des thérapies complémentaires comme l’acupuncture, l’ostéopathie et de suivis psychologique et sexologique.

Une prise en charge multidisciplinaire importante tant « l’endométriose est une pathologie aux multiples visages », selon le Dr Petit. « Certaines patientes ressentent un tel inconfort qu’il impacte leur qualité de vie, leur moral et surtout leur vie de couple et leur sexualité sur le long cours ».

d’endométriose », précise la gynécologue

« Ceci explique que les patientes atteintes d’endométriose bénéficient plus rapidement d’une procréation médicalement assistée ». Céline Petit insiste toutefois sur le fait que « grossesse et endométriose ne sont pas incompatibles ».

Une maladie de plus en plus détectée

L’endométriose provoque en effet des douleurs cycliques, difficilement gérables pour certaines femmes. À savoir des maux de ventre anormalement forts durant les règles (qui ne passent pas facilement avec des antidouleurs), des souffrances lors des rapports sexuels, des pesanteurs pelviennes, des troubles du transit (douleurs en allant à selle pendant les règles) et des douleurs en urinant.

À ces situations parfois extrêmement pénibles, s’ajoute la difficulté d’être enceinte. En effet, endométriose et infertilité sont souvent liées, la maladie engendrant un environnement inflammatoire néfaste pour une future grossesse.

« 40 % des femmes infertiles souffrent

Ces dernières années, des personnalités connues atteintes d’endométriose ont partagé leur vécu publiquement et ont ainsi permis de mettre en lumière cette maladie dont on parlait peu. « Elle était assez méconnue et par le passé, on banalisait les douleurs liées aux règles », note le Dr Petit. « À l’heure actuelle, on y est effectivement davantage confrontés. Non pas parce qu’elle est plus développée mais bien parce que les femmes sont de moins en moins sous pilule. Par conséquent, les douleurs de règles sont plus importantes »

Ces douleurs chroniques anormalement fortes constituent d’ailleurs un des symptômes permettant aux médecins de suspecter l’endométriose, comme les souffrances durant les rapports sexuels ou encore les problèmes d’infertilité.

CONTACT

069/333 030

secretariat.gynecologie@chwapi.be

« Grossesse et endométriose ne sont pas incompatibles »
© Adobe Stock

Un petit garçon qui aime se déguiser en princesse ou une petite fille qui fait pipi debout dans le jardin ne signifie pas que ces enfants sont transgenres. Seule une petite minorité d’enfants ne se sent pas à l’aise avec son sexe biologique. Mais si cela arrive à votre enfant, comment réagir en tant que parent ?

Elliot Page, acteur américain de superproductions comme Inception et X-men, raconte dans Pageboy son histoire d’homme transgenre. Il y explique que lorsqu’il était enfant, il était persuadé d’être un garçon. De 1,2 à 2,7 % des enfants et des adolescents s’interrogent sur leur identité sexuelle. Pourtant, de très nombreux parents ne savent pas comment faire face à cette situation. Pour beaucoup, la dysphorie de genre est encore un sujet méconnu (voir encadré).

Comportement différent selon le sexe

Le centre de sexologie et de genre de l’UZ Gent, le seul centre d’expertise de notre pays, a vu le nombre de demandes augmenter. Quand faut-il inscrire son enfant ?

« Cela dépend », explique Maaike Tassyns, psychologue pour enfants et adolescents. « Nous prenons en charge les enfants à partir de 9 ans. Certains parents inscrivent leur enfant plus tôt parce qu’il y a une liste d’attente de 18 mois. Si votre enfant présente des signes évidents, il est préférable de jouer la carte de la sécurité plutôt que d’attendre que la situation se complique. »

Votre fille joue avec des voitures ou votre fils aime se vernir les ongles ? Il n’y a pas lieu de paniquer : « Les enfants qui ont un comportement différent ne souffrent pas forcément de dysphorie de genre », assure Mme Tassyns. « Ils ne se comportent tout simplement pas selon les normes de genre établies. Chez un grand nombre d’enfants, les questions sur le genre disparaissent en grandissant. »

La société est également en grande partie responsable de ce phénomène. « On inculque très tôt aux enfants des normes de genre », explique Mme Tassyns. « Les filles sont calmes et aiment La reine des neiges, les garçons sont nerveux et jouent au football. Les enfants s’accepteraient plus facilement si nous abandonnions ces stéréotypes. Les filles peuvent être dures et les garçons sensibles. Il suffit de proposer à l’enfant différentes activités et de voir ce qui lui plaît, les jeux auxquels il aime jouer. »

Avant la puberté, les enfants sont moins confrontés à leur identité sexuelle. « Les caractéristiques sexuelles secondaires ne sont pas encore formées à ce momentlà », affirme Mme Tassyns. « Lorsque la puberté arrive et que les seins ou les poils sur le visage font leur apparition, cela devient généralement plus difficile. Cependant, certains acceptent aisément la différence entre leur corps et leur sexe. »

Si votre enfant souffre de dysphorie de genre, il est normal que cela vous inquiète. Mme Tassyns poursuit : « Cela déclenche beaucoup de choses chez les parents. Parfois, ils s’en doutaient Parfois, ils s’en doutaient depuis un certain temps, parfois ils tombent complètement des nues. Ils passent par un processus d’adaptation. Leurs rêves pour leur enfant sont remis en question. » Néanmoins, il est important de communiquer ouvertement. « Écoutez votre enfant et ne considérez pas son état comme une passade. », conseille Mme Tassyns. « Restez ouverts à la discussion et sensibilisez votre enfant à la réalité. La transition ne résout pas tout. Laissez votre enfant explorer, mais ne vous lancez pas tête baissée dans un bouleversement complet des rôles sociaux. Souvent, l’identité de genre n’est pas encore fixée chez les jeunes enfants. »

Les parents de personnes transgenres insistent également sur l’ouverture d’esprit. « Continuez à parler avec votre enfant

#FokusInclusionDiversité 28 Que faire si votre fils veut être une fille ?
« L’ouverture d’esprit est la chose la plus importante, même après le coming out »
Par Tuly Salumu

et laissez-le s’exprimer », déclare Beni Monsecour, père de Nora Monsecour, première ambassadrice transgenre de la marque de produits capillaires Pantene ayant inspiré le film Girl : « Votre enfant doit toujours se sentir en sécurité, même après avoir fait son coming out. Les parents attendent parfois trop longtemps pour agir car ils espèrent que cela passera, mais en agissant ainsi, ils risquent de manquer des étapes importantes du processus. »

Une approche sur mesure

L’équipe du centre de sexologie et de genre propose une approche sur mesure. Certaines familles ont besoin d’un entretien approfondi avec un psychologue pour enfants. Parfois, cela ne suffit pas et un traitement hormonal ou chirurgical est nécessaire. À la puberté, l’enfant peut recevoir des inhibiteurs qui stoppent la production d’hormones sexuelles. Les adolescents prennent aussi parfois des hormones pour que leur corps corresponde mieux à leur identité sexuelle. « Ces mesures ne sont prises qu’après un accompagnement à long terme de l’adolescent et de sa famille et toujours en consultation pluridisciplinaire », déclare Mme Tassyns. « Il n’existe pas d’approche unique car l’histoire de chacun est différente. »

Mr Monsecour constate que les parents sont plus effrayés aujourd’hui qu’auparavant « Les réseaux sociaux y sont pour quelque chose, tout comme la controverse autour de l’affaire “woke”, » explique-t-il. « Les parents veulent protéger leur enfant des réactions négatives du monde extérieur. C’est compréhensible, mais il est toujours important d’accompagner son enfant dans son ressenti. »

La dysphorie de genre désigne un profond sentiment d’insatisfaction à l’égard de son propre sexe biologique de naissance. Chez un enfant transgenre, l’identité de genre ne correspond pas au sexe biologique. Par exemple, un garçon transgenre peut être enregistré comme une fille à la naissance mais se sentir comme un garçon. Un enfant non binaire, quant à lui, s’identifie aux deux genres ou à aucun.

Genre ou sexe : les caractéristiques biologiques qui déterminent le sexe auquel vous appartenez. Pensez aux chromosomes, aux hormones et aux caractéristiques sexuelles.

Genre : caractéristiques, traits, talents et attentes que nous attribuons aux femmes et aux hommes.

Identité de genre ou genre psychologique : la perception personnelle de votre genre. Vous pouvez vous identifier comme homme, femme, les deux ou ni l’un ni l’autre.

Expression de genre : l’expression de votre genre, par exemple vos vêtements, votre discours et votre comportement.

Orientation sexuelle : l’attirance romantique et sexuelle que vous ressentez à l’égard des autres.

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Que faire si votre fils veut être une fille ?
Il suffit de proposer à l’enfant différentes activités et de voir ce qui lui plaît, les jeux auxquels il aime jouer.
— MAAIKE TASSYNS , PSYCHOLOGUE POUR ENFANTS ET ADOLESCENTS

Des CV anonymes pour un marché du travail équitable

La discrimination sur le marché du travail reste bien présente. En 2023, les personnes d’origines diverses, en situation de handicap et les plus de 50 ans auront toujours du mal à trouver du travail. Les CV anonymes peuvent-ils aider ?

« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres », comme le dit George Orwell dans “La ferme des animaux”. Aujourd’hui encore, ce grand classique satirique reflète bien le manque d’égalité dans notre société. Et notre marché du travail en est un exemple triste mais frappant.

Ainsi, certains groupes sont malheureusement moins susceptibles d’être invités à un entretien d’embauche. Trois motifs généraux de discrimination reviennent systématiquement dans les études menées. En premier, les origines ethniques ou religieuses. Ensuite, les personnes ayant un handicap physique visible. Et enfin, l’âge. On voit aussi des questions de discrimination sur le genre et la sexualité, mais c’est très variable d’un secteur à l’autre et en fonction du niveau d’emploi.

Un problème complexe

« La discrimination relève parfois de la mauvaise volonté des employeurs, et s’exerce par le biais du racisme ou des préjugés. C’est bien sûr inacceptable », déclare le professeur Pieter-Paul Verhaeghe (VUB), sociologue et expert en tests d’entraînement et en discrimination. « De plus, les préjugés implicites jouent également un rôle, tout comme le manque d’informations sur certains groupes. Nous devons également nous demander où sont publiés ces postes vacants, et comment ils sont présentés. »

La discrimination sur le marché du travail est un problème complexe : comment peut on rendre le marché du travail plus accessible, plus juste et plus égalitaire ? De plus en plus de voix se font entendre en faveur des tests et des CV anonymes. Accent, l’une des trois plus grandes agences d’intérim de notre pays, s’est lancée dans la bataille. Depuis le 1er février, les employeurs ne peuvent plus y consulter que des CV anonymes. Vous n’y verrez ni le nom ni le prénom du candidat salarié, seulement ses initiales. Le classique (m/f/x) est également absent, ainsi que l’adresse du demandeur. Car des préjugés peuvent

Disons adieu à la discrimination #FokusInclusionDiversité 30

aussi être attachés à certaines communes. Accent retire également l’âge du candidat. Le profil ne comprend pas non plus le nombre d’années d’expérience. Grâce à cela, Accent espère que le talent, l’expérience et les compétences seront désormais les seuls critères décisifs.

Pas le choix

« Tout le monde cherche de bons employés, et pourtant, de nombreux talents ne trouvent pas d’emploi. Nous espérons y remédier grâce aux CV anonymes », déclare Anouk Lagae, PDG d’Accent. Elle veut accompagner ses clients dans cette transition, mais ne leur donne pas le choix. « La plupart des réactions sont positives, mais une enquête indique qu’environ 10 % de nos clients n’aiment vraiment pas cela. Nous espérons donc les convaincre. Le risque existe bien que nous en perdions quelques-uns, mais nous espérons aussi en attirer de nouveaux. »

En agissant ainsi, Accent fera-t-il bouger le marché du travail ? Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, même si, selon Verhaeghe, c’est un bon début. « Nous essayons de lutter contre la discrimination depuis 10 à 15 ans maintenant et cela ne fonctionne pas. Donc je pense que cela vaut certainement la peine d’essayer les CV anonymes. Si ça n’aide pas, ça ne fera en tout cas pas de mal. » 

Anonyme n’est pas inconnu

Quand on retire les éléments personnels, un recruteur peut faire une première sélection de candidats sur des critères objectifs et se faire une idée de leur capacité de raisonnement, ou de leurs niveaux linguistiques. Mais il devra aussi faire des tests pour évaluer la personnalité, les compétences et les “soft skills”, qui sont particulièrement importantes en entreprise.

Hard Skills & Soft Skills

En français on dirait simplement “savoir-faire” et “savoir-être”. Pour résumer, les Hard Skills incluent la maîtrise d’un logiciel ou d’une langue, ou d’une compétence technique liée à l’exercice d’un métier. Les Soft Skills, elles, englobent les compétences cognitives et comportementales, comme l’empathie, l’écoute, la collaboration, la créativité, ou l’esprit critique.

Fokus-online.be 31 Disons adieu à la discrimination
— PIETER-PAUL VERHAEGHE VUB
Nous essayons de lutter contre la discrimination depuis 10 à 15 ans maintenant et cela ne fonctionnera tout simplement pas. Donc je pense qu’on devrait essayer les CV anonymes.

BRUSSELS QUEER GRAPHICS

17.05—05.11.2023

GAY-LESBIENNES BI-TRANSGENRES & SYMPATHISANTS

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